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Angel Alonso (1923-1994)

Angel Alonso, 1980

Angel Alonso dans les années 1980 © Jean-Jacques Alonso

Né à Laredo, en Cantabrie, le 4 mars 1923.

Entre 1938 et 1939, Angel Alonso est arrêté, incarcéré et condamné à mort après la prise de Bilbao. Sa famille dépose un recours en grâce, accepté. Il retourne chez lui mais quelques mois plus tard, il est de nouveau arrêté pour désertion, n'ayant pas effectué son service militaire. Il est alors déporté sur l'île de Fuerteventura. Il s'évade puis, après une période de clandestinité, gagne, en 1947, la frontière française. Il quitte alors définitivement l'Espagne pour rejoindre Paris. Ces années de prison seront l'un des fondements de son amitié indéfectible avec Maria Zambrano, elle-même réfugiée politique, qu'il connaîtra dès le début des années 1950.

Une série de rencontres heureuses et d'amitiés orientèrent la première étape de son travail : Vieira da Silva, Arpad Szenes et surtout Pierre Tal Coat et Nicolas de Staël. Guy Dumur dans Nicolas de Staël, le combat avec l'ange, évoque : "Il [de Staël] se lie avec des gens connus. Georges Braque, en premier, qu'il voit régulièrement, André Lanskoy, déjà nommé, un jeune peintre espagnol, Angel Alonso".

Années 1950

En 1950, Alonso se voit menacé d'extradition vers l'Espagne franquiste par les autorités françaises. Un comité de soutien s'organise, constitué entre autres par Michel Leiris, Francis Ponge, Henri Calet ou encore Pierre Descargues.

Il n'obtiendra la nationalité française qu'en 1971 grâce au soutien de son beau-père, Roger Rigaud, ancien vice-président du Conseil de Paris.

En 1951, il fait la connaissance de Jeannine Worms grâce au critique Roger Van Gindertaël, et sans doute, à la même époque, de Meraud Guinness Guevara.

En 1952, Alonso préfère renoncer à l'exposition à la prestigieuse galerie Jeanne Bucher.

En 1952, il expose à la galerie André Schoeller, qui, à cette époque, représente Rebeyrolle, Fautrier, Messagier, Duvillier, Gnoli, Arroyo, etc.

À partir de cette exposition, ses matériaux deviennent plus denses. 

En 1956, il s'installe à La Laurencie, dans le Limousin, jusqu'en 1961.

En 1962, il découvre les paysages de Genainvilliers où il décide immédiatement de vivre et de travailler, y trouvant une inépuisable source d'inspiration et de renouvellement. Il y fait construire son atelier.

François de Staël et Angel Alonso

Françoise de Staël et Angel Alonso lors de l'installation de l'exposition Alonso à la galerie André Schoeller en 1955

Pommes, Angel Alonso

La série des Pommes, 1958

Angel Alonso, La Laurencie, 1956

Angel Alonso et John Bull, La Laurencie, 1956

La Laurencie

En 1956, après avoir vécu à Paris, au 49 rue de Rennes, Angel Alonso s'installe à La Laurencie, propriété familiale de son épouse Monique Rigaud, dans le Limousin.

Ils accueilleront nombre de leurs amis, parmi lesquels les poètes Yves de Bayser et Jules Supervielle, Suzanne Tézenas, célèbre mécène, l'homme de lettres et critique Guy Dumur...

C'est là qu'Alonso commence à approfondir le travail de la matière et le paysage.

Années 1960

À partir de 1960, il développe ses plus importantes recherches sur ce qui pourrait constituer un tryptique de la terre, du charbon et de la paille auxquels il mêle parfois la brique pilée et la pierre. Il commence la série des grands tableaux noirs composés à partir de poudre de charbon, de végétaux brûlés, de paille, de feuillage, de terre.

Angel Alonso, Genainvilliers

Atelier Genainvilliers, vers 1964

Angel Alonso, Genainvilliers

Jean-Jacques devant les tableaux de son père, atelier de Genainvilliers, vers 1966

À Genainvilliers, "il découvre les grandes plaines de la Beauce, il est subjugué par ces immenses terres labourées, ensemencées, ce monde minéral où se jouent dans un ciel immense toute les lumières, les sensations du froid, du chaud, du sec, de l'humide", Gilbert Feruch

 

Stéphane Gompertz, qui a rencontré à de nombreuses reprises Angel Alonso à Genainvilliers vers 1976-1977 et longuement discuté avec lui de son travail, rapporte dans ses notes sur le peintre : "[...] Il passe un temps considérable dehors, à regarder : par exemple, ce chemin boueux [...] où un tracteur a imprimé ses traces. Il observe pendant plusieurs heures la transformation de ces empreintes, le passage qui s'y fait de l'humide au sec, du froid au chaud, du souple au dur. Puis il va tenter de reproduire ce passage avec ses propres matériaux. Il ne s'agit pas du tout d'imiter la nature [...] il fabrique [ses matériaux] du reste lui-même ; puis il va créer d'autres modalités d'existence et de métamorphose de la matière : il va par exemple tracer une ligne, brillante et profonde de charbon noir et mat. Mais c'est l'idée génératrice du processus [...], ou même simplement la suggestion que la transformation est possible, le concept pur des luttes et des engendrements conflictuels de la matière, que A demande au spectacle des changements bruts et primaires" [Extrait de Gabriel de Stéphane Gompertz, non publié].

Années 1970

Manuscrits d'Angel Alonso, Genainvilliers

Manuscrits d'Angel Alonso, Genainvilliers

Ma seule nature, cette maison regardée par la forêt, les champs et couverte par le ciel

Cette impuissance à vivre avec les autres, ma seule liberté

Hélas...

Nous allons mourir dans "cette misère" me disait aujourd'hui C [Cioran].

Peut-être pas si j'ai la chance de mourir ici.

Famille de l'artiste Angel Alonso, Paris 1970

Jean-Jacques, Angel, Stéphanie et Thierry Alonso à Paris, fin des années 1970

Genainvilliers, 1975, Angel Alonso

Genainvilliers, 1975 © Angel Alonso

Angel Alonso, 1990 Genainvilliers

Angel Alonso dans son atelier de Genainvilliers, 1990 © Jean-Jacques Alonso

Les ateliers

C'est dans l'atelier de Genainvilliers qu'Alonso commence la série des grands tableaux noirs composés à base de poudre, de charbon, de végétaux brûlés, de paille, de feuillage, de terre...

À partir de 1982, Alonso s'installe au 7 rue Brézin, atelier de son ami Pierre Tal Coat que ce dernier met à sa disposition.

Il alternera longtemps les séjours à Genainvilliers et rue Brézin avant de s'y installer définitivement au début des années 1990.

" Les différentes étapes de sa vie étaient réunies là, classées selon un ordre basé uniquement sur le concept. C'était un long parcours qui, sur la fin, se centrait sur de petits formats (esquisses possibles pour un temps qui ne viendrait jamais) où le noir et le blanc, qui dans la série Désastres, avaient atteint des intensités dramatiques, devenaient le dernier refuge de l'essentiel", Francisco Jaurata.

Angel Alonso, atelier rue Brézin, 1990

Angel Alonso dans son atelier de la rue Brézin,  début des années 1990 © Jean-Jacques Alonso

Années 1980

En 1982, il retourne à Paris, dans l'ancien atelier de Tal Coat que ce dernier met à sa disposition.

Un an plus tard, il expose à la galerie Cahiers d'art. Dans ces travaux, la couleur constitue le paysage même. Avec une maîtrise exceptionnelle des matériaux, il n'hésite pas à inventer ses rouges, verts, jaunes, oranges... qui jaillissent de la surface poreuse de ses tableaux.

Entre 1986 et 1989, la galerie Barbier l'expose à plusieurs reprises.

En 1987, Juan Carlos Marset, intellectuel et universitaire espagnol, proche de Maria Zambrano, rencontre Angel Alonso à l'occasion de ses recherches sur la philosophe et prend la mesure de l'importance capitale du travail d'Alonso. Une grande rétrospective est alors mise en œuvre en Espagne, où l'intégralité de l'atelier d'Alonso est transporté pour l'organiser.

La série Désastres exposée en 1992 à la galerie Sapone de Nice constitue l'aboutissement de sa dernière recherche.

La mort brutale d'Angel Alonso à Paris, le 20 décembre 1994 transforme cette rétrospective en hommage sous la forme d'une exposition. Elle aura lieu en France (Instituto Cervantes, Paris, 1996) et en Espagne (Fundación Marcelino Botín, Santander, août-septembre 1996 et Círculo de Bellas Artes, Madrid, janvier 1997).

En 2009, le musée Reina Sofia (Madrid) achète un nombre important de ses œuvres tandis que l'État espagnol reçoit ses archives (écrits, correspondances, documents), avec en perspective la création d'une fondation à Santander.

Angel Alonso, 1980

Angel Alonso dans les années 1980

Exposition Angel Alonso, 1983

Affiche de l'exposition Alonso, galerie Cahiers d'art, du 20 mai au 18 juin 1983

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